Le manège de la Sardine
Au fond de la mer, posée sur le sable, il y a une barque qui a dû être colorée. Peinture écaillée, métal rouillé.
Entre les planches de bois les algues ont poussé. Amarrées à leur embarcation elles secouent la tête au gré des courants sous-marins. De loin, on dirait des lampions.
J’aime bien aller nager le long de cette barque, comme dans un manège tournoyer autour de l’unique rame restée attachée, glisser sous le petit banc où un bout de tissu blanc est resté accroché, bout de lune, robe de femme ? J’aime aussi me faire chatouiller par les algues fluorescentes. Saluer l’hippocampe et la méduse dorée, fantômes aquatiques.
Mon périple achevé je m’endors parfois tout contre les planches délavées.
Je rêve de la dernière balade en mer. De la défaite. De la noyée.